Un peu avant qu’on s’installe cité de l’Odet, un four électrique avait remplacé le mouffle dit « miro » qui ne répondait au cubage nécessaire.
Il avait été installé provisoirement dans les dépendances de la Galerie Saluden, car à l’Hippodrome et à la cité de l’Odet, il était impossible pour le moment d’avoir du courant force. C’était un four de marque Tranchant. Ce manque de courant dura jusqu’aux années 58.
Les pièces de peintures étaient donc transportées chaque fois, que cela soit d’abord de la rue de l’Hippodrome, puis après de la rue Saint-Mathieu, en fin de la Cité de l’Odet, dans des casiers à soufflet.
Ce four, malgré les horloges de céramique installées à l’intérieur, et le pyromètre au cadran en cuivre digne des machines d’un transatlantique, demandait une surveillance de tous les instants, de jour comme de nuit. Je vous dis pas le nombre de déplacements d’alors dans la dernière demi heure présumée de la cuisson.
Il existera jusqu’à ce qu’un apprenti manœuvre mal le coupe circuit. Il en résultera, à l’intérieur, un magma impossible à casser, de fer, les plaques, de verre, de terre réfractaire et de résistances. Cela se passa du temps ou notre chemin devint la rue Michel Marion. L’assurance nous paiera un four neuf.
Pour la pose, nous ne bénéficions pas encore des premières perceuses Peugeot. C’était l’époque du marteau, des burins, des poinçons, pour poser les barlotières. Pour leur affûtage à la forge, revoilà « le petit père Laurent. »
Les échelles étaient dans beaucoup de cas le seul moyen de pose, échelles en bois bien sûr. Les échafaudages tubulaires commençaient à peine à détrôner les écoperches. Il fallait être né singe et ne pas avoir le vertige.
A l’atelier, le fer électrique était roi, les fers à pétroles étaient un souvenir. Les roulettes remplacent les diamants. Le verre antique, après pas mal de problèmes, arrive, mais double puis triple de prix. C’est Berthelom, un transporteur, qui va nous prendre les caisses à Paris, toujours chez P.M.B. Leur descente des bahuts était un morceau de sport.
Le premier moyen de chauffage fut un poêle à sciure, suivi d’un à mazout, puis à bouteille de Gaz. Aucun n’a pu réellement chauffer cet atelier. Un faux plafond est installé, sans grand résultat.
Jean Pierre Le Bihan ( 1934 / 2015 )